La commémoration de la 139e anniversaire de la disparition de Lat Dior Ngoné Latyr Diop a été paraphée aujourd’hui à Thiès, en présence de l’autorité administrative, du maire de la ville le Dr Babacar Diop etc. Dans son allocution, l’édile de Thiès est revenu sur » l’histoire des nations se confondant avec celle des héros »
» L’histoire des nations se confond avec celle des héros qui ont vécu sur cette terre. Ces hommes admirables et vénérables ont été les conducteurs des grandes masses. Ils ont constitué pour elles des références et des modèles. Les héros ont été les initiateurs de ce qu’ils ont appris de plus beau. C’est pourquoi nous disons que les héros nous élèvent vers les plus belles et les plus nobles choses, parce qu’en vérité, il n’y a pas d’héroïsme sans noblesse. Il n’y a pas de grandeur sans sacrifice.
Il me plaît de rappeler que les héros, les vrais héros, sont des hommes fondamentalement marqués par la sincérité. Ils possèdent une foi unique et authentique en une cause juste, jusqu’au sacrifice suprême. La sincérité est l’alpha et l’oméga de la noblesse. C’est pourquoi, nous avons toujours jugé que les nations ne se construisent pas sur la base du pessimisme et du scepticisme, ni sur la base du nihilisme et de l’athéisme des valeurs, encore moins sur la base du doute ou de la négation. Nous avons besoin de foi. Nous avons besoin d’optimisme. Nous avons besoin de confiance pour fonder des nations durables. Le monde dans lequel nous vivons a besoin de valeurs — de valeurs fortes, de valeurs morales, de valeurs civiques. Nous avons besoin de grandeur, de courage, de noblesse, d’idéal, de justice. Je dis que la plus grande défaite pour notre continent, la défaite spirituelle, serait celle qui nous conduirait à détruire nos héros. Ce serait un suicide collectif. Ce serait le sommet d’une abominable haine de soi. C’est pourquoi j’ai dit que nous avons besoin de force, de conviction, de toutes ces valeurs qui soudent notre communauté. Nous avons besoin de ces valeurs, parce que ce n’est ni l’argent ni la puissance matérielle qui font une nation. Ce qui fait une nation, c’est ce principe spirituel qui nous rassemble, qui nous unit dans un commun bon vouloir de vivre ensemble, au-delà des différences de couleur, de race et de vision », a-t-il fait remarquer.
Poursuivant, le maire de la ville de Thiès d’ajouter » Devant un homme dont la valeur s’est traduite en vision, nous avons besoin, pour lui rendre hommage, d’actions. C’est pourquoi nous sommes ici rassemblés, devant ce mémorial, pour rendre hommage au fils de la linguère Ngoné Latyr Fall.
Lat Dior Ngoné Latyr a vécu pour la libération du Cayor de toute occupation étrangère. Il a vécu pour la dignité du Cayor. Il a vécu pour l’indépendance de la patrie. Toute sa vie est une belle histoire de souveraineté, d’indépendance, d’autonomie et de libération. Il ne cessait de répéter qu’ « un étranger ne construit pas un pays : ce sont les fils du pays qui construisent leur propre peuple ». Ces paroles demeurent encore aujourd’hui une boussole pour notre nation, une boussole pour notre Afrique, pour toutes les nations du monde en quête d’émancipation. Nul lieu n’était mieux placé que Thiès pour rendre hommage à Lat Dior Ngoné Latyr. Cette ville, cette terre — cette noble terre —, terre de résistance, de rébellion et d’insoumission, est la grande héritière de toute la tradition de dignité des Ceedos, qui préféraient la mort à la honte. Cette ville, carrefour des civilisations et du dialogue, est reconnue aujourd’hui comme la capitale patriotique et héroïque de notre pays. C’est pourquoi, Thiès demeure une grande école de dignité pour toute la nation.Désormais, c’est ici, devant ce monument où repose le tombeau de Lat Dior, qu’il sera célébré et honoré chaque jour, au milieu de son peuple.
Chers élèves ! Contemplez ce qu’a été la vie de Lat Dior Ngoné Latyr. Considérez ce qu’il a enduré pour la dignité de son peuple. Mesurez le deuil qui a frappé sa famille, le deuil qui a frappé le Cayor, ce jour triste du 26 octobre 1886, où le fils de la linguère Ngoné Latyr Fall a préféré courageusement la mort à la honte.
Placez-vous devant lui, agenouillez-vous devant lui, abreuvez-vous à la source de cette fontaine de liberté et de dignité, pour que le Sénégal et l’Afrique demeurent toujours des entités indépendantes et souveraines. Chers jeunes élèves, vous êtes les futurs héros de notre développement, de notre progrès et de notre prospérité ».
Pour sa part, l’adjoint au gouverneur Georges Samba Faye, a indiqué » Il faut que nous poursuivions sans cesse le processus de décolonisation. Il ne faut pas penser qu’il s’est arrêté. Il faut être fier de son histoire, la porter au quotidien et célébrer les personnes qui ont permis au Sénégal d’accéder à l’indépendance.
Et parmi ces personnes, il y a un personnage marquant : il s’agit de Lat Dior Ngoné Latyr Diop. Lat Dior disait qu’on ne peut pas être en exil dans sa patrie. Être en exil dans sa patrie, c’est simplement ne pas faire ses devoirs. Les citoyens ont des droits, mais ils ont aussi des devoirs.
Il ne faut donc pas que nous soyons des exilés dans notre propre pays. Il ne faut pas que nous soyons étrangers chez nous. Ne pas être étranger, c’est être un citoyen actif. Être un citoyen actif, c’est participer à tout ce qui contribue au bien-être de la communauté. Ce matin, nous célébrons plus qu’un héros : nous célébrons la libération, l’inspiration. Ce que nous pouvons retenir de Lat Dior, c’est qu’il est une source d’inspiration et de motivation pour le courage ».
À le croire, » il ne faut pas croiser les bras et se dire que toutes les luttes ont été menées à notre place. Il faut s’appuyer sur son passé pour envisager son avenir. Cela ne nous servira pas si nous procédons par oubli et si nous oublions nos héros.
La meilleure manière d’avancer, de construire ce pays, c’est de valoriser et de mettre en lumière notre passé, de s’y appuyer pour construire l’avenir. L’avenir n’est pas une fatalité : il est la somme des actes que nous posons aujourd’hui, qui feront de demain un succès rayonnant pour le Sénégal, et au-delà, pour toute l’Afrique ».
